Bouh ! Quel froid ! Je ressaierai mon écharpe rouge et or autour de mon cou. La neige tombait déjà depuis deux semaines. Mais aujourd’hui, elle fouettait le visage des habitants et des passants comme pour les empêcher d’avancer. Tous se dépêchaient de rentrer chez eux pour retrouver la chaleur du foyer.
Sur le toit des maisons, la neige avait formé comme un manteau de coton blanc, doux et épais.
Voir Pré-au-lard dans cet état était magnifique, sauf quand vous ne sentez plus vos mains et vos doigts de pieds !
Je tournai sur ma droite. Je savais où j’allais bien sûr. J’aperçus cette petite taverne bien familière. Je voyais déjà, à travers les grandes fenêtres, les lumières des bougies qui se consumaient lentement. Cela donnait l’impression de deux grands yeux orangés qui vous fixent. Au-dessus, Le titre « Trois Balais » n’avait pas changé et lui aussi était recouvert d’une fine couche de neige. A sa vue, j’accélérai inconsciemment le pas.
Arrivée devant la porte, je poussai celle-ci d’un geste impatient. Le contraste fut saisissant : il y a deux secondes, j’étais dehors, marchant seule dans une rue presque lugubre. Maintenant, c’était dans une atmosphère plus que détendue que je me tenais. Beaucoup de personnes étaient assises autour des vieilles tables qui ont traversé les années, parlant, riant, buvant autour d’une bonne Bièraubeurre. D’autres étaient au bar, le visage déjà bien rouge, que je me demandais si cela était dû à la chaleur qui régnait, ou au nombre de vers qu’ils avaient pris.
La patronne, Madame Rosmerta, leva la tête et me fit un petit signe. Je lui répondis par un grand sourire.
Détournant le regard, je vis enfin ceux que je cherchais : Patmol, Queudver, Lunard et Cornedrue. Les « Maraudeurs ». Ils étaient assis à une table, en retrait des autres. Apparemment, il ne m’avait pas vu. Tant mieux. Cela me faciliterait la tâche. Il y avait une table de libre près d’eux et ils ne pourraient pas m’apercevoir. De plus, un miroir était accroché sur le mur d’en face. De ce fait, je pouvais les voir tous ensemble de profil. Discrètement, je m’assis à cette table et je risquai un coup d’œil au miroir : je vis Cornedrue en face de Patmol, Lunard et Queudver étant cachés par les deux précédents.
Patmol avait devant lui une chope de Bièraubeurre vide et une autre à moitié pleine. Il se tenait penché pour parler aux autres, et à voix basse. Il était sans doute le plus beau des quatre : on pouvait deviner sous ses habits un corps bien bâti, ses cheveux mi-longs pas coiffés, ainsi que son regard lui donnaient un côté rebelle, qui faisait craquer la plupart des filles. Je tendis l’oreille, et je m’aperçus que je pouvais capter quelques bribes de leur conversation :
« _ La cape sera trop petite pour nous quatre… du Polynectar ?
_ Mais c’est illégal… »,dit une voix. »De cette voix aigue et hésitante, je reconnus de suite Queudver, qui était tassé au fond de son siège et qui s’était légèrement rapproché pour répondre. Il avait le dos courbé, comme un enfant qui venait de se faire gronder. Sa grande timidité l’empêchait parfois d’avoir des conversations « normales » avec lui.
« Peter, tu sais que…
Un grand éclat de rire m’empêcha d’entendre la suite. Celui-ci venait d’une femme de l’autre côté de la taverne. Patmol reprit la parole :
_ On pourrait demander les ingrédients… ou se les procurer !
_ Bien sûr, le professeur Slughorn pourra sûrement nous aider. »Ce fut Lunard qui parla. Le loup-garou semblait fatiguait, plusieurs cernes lui marquaient le visage. Me remémorant la date, je constatais que la lune était pleine hier. James, tu pourrais l’amadouer toi ! il t’aime beaucoup ! »
James. Je réagis à ce nom. Pour moi, personne ne rivalisait avec son courage, son humour, son dévouement aux autres. Je l’aimais tellement. A ce même moment, il regarda le miroir et nos regards se croisèrent. Il me sourit. De ce sourire que j’aimais tellement.
« Je crois que Lily peut peut-être nous aider, » déclara-t-il.
Ainsi il m’avait repéré depuis le début. D’un geste résolu, mais néanmoins joyeuse, je rejoignis mon petit ami à leur table.